Revue Bourgogne Magazine n°77

Le canon et le goupillon

Comme le labourage et le pâturage de la France de Sully, le vin et les églises sont les deux mamelles de la Bourgogne d’hier… et d’aujourd’hui. Deux piliers sur lesquels la région s’est bâtie durant des siècles, qui continuent de refléter une identité bourguignonne enracinée dans son terroir. Vignerons et religion ont d’ailleurs longtemps travaillé de concert pour faire de notre vignoble – né de l’Empire romain, puis élevé par les moines – ce qu’il est de nos jours.

Au XIIe siècle, alors que l’abbaye de Cîteaux commence à planter le Clos de Vougeot, prieurés et églises romanes se multiplient en Bourgogne du Sud. À l’image de celles d’Anzy-le-Duc, de Suin ou de Brancion, elles constituent désormais, plus que des lieux de culte, un patrimoine collectif immémorial qui puise ses racines dans des rites païens. Dans notre dossier, historien, artiste ou pilote de montgolfière nous expliquent en quoi ce patrimoine qu’ils côtoient au quotidien les inspire. Croyant ou pas, ressentir les vibrations d’une petite chapelle romane perdue dans le bocage brionnais est toujours une expérience formidable.

Autre édifice religieux abordé dans ce numéro, l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre a su changer de vocation pour devenir un haut lieu touristique et culturel. C’est en tout cas l’ambition de la Ville qui s’est lancée dans de gros travaux pour y développer une Cité de la parole et du son où l’art contemporain aura toute sa place.

Comme la pierre, le vin élève l’âme. Encore faut-il savoir manier le canon avec art et précaution. En la matière, au diable l’orthodoxie, chacun suivra sa propre quête du Graal : une bouteille entre copains dans un bar à vin ou une cave de Savigny-lès-Beaune ; une cuvée de la prochaine Saint-Vincent tournante de Morey-Chambolle mariée à un plat de Louis-Philippe Vigilant, le successeur désigné de Patrick Bertron au Relais Loiseau de Saulieu ; un crémant « de lieu » pour faire pétiller l’apéro et raviver l’époque où les Pommard et autres Clos-Vougeot mousseux inondaient la haute société russe ; un Pouilly-Fuissé premier cru partagé avec une vigneronne à la Cité des Climats et vins de Bourgogne à Mâcon. Autant de moments de plaisir auxquels les épicuriens pourront goûter dans ces pages, avant d’aller les vivre sur place, les pieds dans le terroir et la tête dans les étoiles.

Geoffroy Morhain